Le soleil d’automne se couchait lentement sur une rue animée. Les voitures passaient, les gens pressés rentraient chez eux. Mais sur le trottoir, un chien au pelage roux, nommé Lazare, observait le monde d’un regard calme et attentif.
Autrefois errant, il avait récemment trouvé un foyer et connaissait enfin la douceur d’une main humaine. Pourtant, ce soir-là, quelque chose dans l’air semblait différent.

Soudain, un petit chaton noir et blanc s’avança timidement sur la route. Il tremblait, miaulant faiblement.
— Maman, regarde, un chaton ! — cria un garçon d’environ huit ans.
Avant que sa mère n’ait le temps de réagir, il s’élança vers la route.
Le grondement d’un moteur retentit. Une voiture approchait à grande vitesse. La mère hurla : « Arrête ! » mais il était trop tard.
Et c’est alors que Lazare bondit. Son corps fendit l’air comme une flamme dorée. En une fraction de seconde, il poussa le garçon hors de la trajectoire du véhicule. Le choc fut brutal. Les pneus hurlèrent sur l’asphalte.
L’enfant, sain et sauf, resta pétrifié sur le trottoir. Sa mère courut vers lui, puis vers le chien étendu sur la route. Lazare respirait faiblement, ses yeux remplis de douleur, mais aussi d’une étrange paix.

— Il m’a sauvé, murmura le garçon.
La mère caressa doucement la tête du chien :
— Merci… mon ange.
Autour d’eux, les passants s’étaient arrêtés. Certains appelaient un vétérinaire, d’autres pleuraient en silence.
Ce jour-là, tout le monde comprit : les anges ne portent pas toujours des ailes. Parfois, ils ont quatre pattes et un cœur plus grand que le monde.